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 L'art et rien que l'art, nous avons l'art pour ne point mourir de la vérité. (with Barbie)

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MessageSujet: L'art et rien que l'art, nous avons l'art pour ne point mourir de la vérité. (with Barbie)   L'art et rien que l'art, nous avons l'art pour ne point mourir de la vérité. (with Barbie) EmptyMer 20 Fév - 21:38


« L'art et rien que l'art, nous avons l'art pour ne point mourir de la vérité. »
- Nietzsche.
Cher Journal, aujourd'hui le paradis s'est créé autour de moi.
Je sens le sol froid de la piscine sous la plante de mes pieds. J'entends les cris des enfants s'éclaboussant dans le petit bassin. J'avance lentement car je sais très bien ce que j'ai à faire. Je me dirige vers le plongeoir. Je passe devant un jeune maître-nageur qui me sourit. Je lui rends son sourire, mais intérieurement je ris. Je ris parce qu'il doit penser que c'est pour lui que je suis heureuse. Je ne suis pas heureuse qu'un beau con me sourisse. Je suis heureuse parce que, une fois de plus, je vais gagner le paradis. Ce magnifique monde perdu et déchu qui, à chaque instant, me fait oublier cette putain d’existence, qui me fait revivre, renaître des cendres de mon quotidien.
Je monte lentement, très lentement les petits escaliers de marbre qui mènent en haut du plongeoir. Une fois au sommet, j'inspire profondément et, sans jeter un dernier regard à cette triste réalité, je plonge. Je plonge loin, loin de tout, loin de rien. Je plonge plus profondément que le sol de la piscine, je plonge aussi profondément que possible. Je plonge vers un nouveau monde, vers mon nouveau monde. Le Wasteland.

Lorsque j'ai repris conscience, je suis allongée par terre. Le sol n'est ni dur, ni mou. Je n'ai pas mal. Je me sens bien parce que je sais très bien où je suis. Je me relève et remarque que mon corps a laissé une empreinte sur ce sol meuble. Je recule un peu pour mieux voir. Mes pas ont également déposé des empruntes. J'entends au loin un bruit. Je me retourne brusquement et mes cheveux projettent de petits traits dans les airs. Ces derniers s'envolent et finissent par atterrir au sol, non loin de la marque de mon propre corps. Je comprends le fonctionnement de cette partie de ce monde. C'est le paradis des artistes, une toile qui prend fin là où l'imagination de son créateur s'arrête.

Le bruit se répète et je finis par y distinguer le rire d'une personne. Je me mets à courir dans sa direction. Des dizaines de dessins, de traits, de gribouillis, de tags défilent devant mes yeux. J'étends mes bras et dessine de grandes vagues avec mes mains tout en continuant de me déplacer. Le rire résonne de plus en plus distinctement. Puis une personne apparaît. Je ne mets pas beaucoup de temps à la reconnaître. C'est Barbie, la fille au journal intime. Je l'ai rencontrée plusieurs fois au Wasteland. Elle est en train de peindre une toile dans l'immensité de ce monde. Elle a dû très vite comprendre le système. Je m'approche d'elle. Je pose ma main sur son épaule, ce contact projette une petite étoile qui vient s'incruster dans la toile.

« Salut. Tu te souviens de moi ? »

Je me mets à contempler son dessin. C'est beau, vraiment très beau. Je ne sais pas grand chose de Barbie mais rien qu'en voyant la beauté laissée par ses petites mains, je comprends que c'est une artiste. Une magnifique artiste qui a tout ce monde pour se laisser emporter par son imagination, et créer. Créer et recréer à l'infini ce monde. Créer parce que c'est ce qu'il de mieux à faire ici. Créer pour oublier, créer pour rire, créer pour s'épanouir. Créer pour se découvrir et se redécouvrir. Créer à en devenir fou. Créer jusqu'à ce que tout ça s'arrête.
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MessageSujet: Re: L'art et rien que l'art, nous avons l'art pour ne point mourir de la vérité. (with Barbie)   L'art et rien que l'art, nous avons l'art pour ne point mourir de la vérité. (with Barbie) EmptyDim 24 Fév - 14:54


« L'art aide à vivre. »
- E.-E. Schmitt.
Dear Dairy, Did you know that the world was full of colors ?


Le soleil se levait doucement, prudemment, réveillant les premiers habitants, sauf moi, puisque je n'avais pas dormi. Je fumais une cigarette imaginaire, répétant de simples gestes que j'avais l'habitude de faire quand tout allait à peu près bien. Un chat bondit d'un balcon à un autre dans l'immeuble en face du mien. Il miaula et on lui ouvrit la fenêtre. Un filé de fumée sortit par l'ouverture de cette fenêtre au rideau blanchâtre. J'avais mal au ventre en la voyant, d'une part parce que quelqu'un était en train de se ruiner la santé et d'autre part parce que j'avais une incompréhensible envie de nicotine. Mais je devais résister, m'éloigner de ma fenêtre et retourner dans mon fauteuil défoncé. La télécommande de la chaîne hi-fi était sur l'accoudoir alors j'appuyais sur le bouton "on/off" pour l'allumer. Pas de Bjork, pas de Michael Jackson, non, une chanteuse d'Opéra. Je ne savais même pas que j'avais ça sur le cd appelé "Bordel". Je regardais dans le vide, dessinant quelque chose de vague dans mon esprit embrumé. Je ferme les yeux, bercé par la musique.

Soulevant mes paupières, je m'aperçois que je ne suis plus dans mon salon. Je suis assise contre le tronc d'un arbre, dans l'herbe verte. Je sais où je me trouve et ne suis pas du tout étonnée d'y être arrivée une fois de plus. Le Wasteland. Le paradis, autrement dit. Le seul endroit où je me sens encore bien. Le seul endroit où je peux vivre ma vie comme je l'entends. Le vent caresse mes joues et fait voleter mes cheveux bouclés qui projettent quelques gouttes d'encre noire dans l'air à côté du tronc de l'arbre contre lequel je suis appuyée. Les gouttelettes finissent par se coller contre le tronc, puis courent le long du bois craquelé. Je me lève, observant le phénomène étrange auquel j'assiste. Je remarque que mon corps a lui aussi laissé de l'encre contre le tronc. Elle coule, le bas de l'arbre devient noir, comme s'il était mort, pourrit, puis toute l'encre descend. J'imagine qu'elle est descendue jusqu'aux racines de l'arbre qui a repris une couleur normale. Je m'éloigne alors de l'arbre étrange et m'aperçoit que mes pas sont encrés dans le sol. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il se passe, c'est à la fois terrifiant, intriguant et magique. Je porte ma main à ma tête et remet de l'ordre dans mes cheveux en bataille. Le geste dessina une traînée de peinture noire dans l'air. Elle reste en suspend, attendant surement que je continue le tableau imaginaire que j'ai commencé. Je me mets alors à rire, je vins de comprendre que cette partie du Wasteland est une toile géante pour tous les artiste de ce monde magique et mystérieux. Je lève soudainement les bras, projetant de la peinture noire près du premier trait, riant toujours, un peu moins nerveusement.

Pendant près de vingt minutes je ne fis que ça, lancer des traits dans les airs, riant, essayant de donner forme à quelque chose mais mes lancés étaient trop imprécis. De mon simple index je dessine des lèvres, pulpeuses. Je colorie la lèvre supérieure en noir, laissant l'inférieur vierge. Entre elles, une cigarette noire. Je m'éloigne de ce dessin, qui ne veut plus rien dire et j'en créée un autre, deux autres, des dizaines d'autres, des moches, des laids, des hideux et puis un beau. En fait, je ne sais même pas ce que c'est. On peut y voir ce que l'on veut, on peut ne rien voir aussi et penser que ce n'est qu'un gribouillis noir, dégoulinant de partout, sans âme. Soudain quelqu'un me touche l'épaule et dans la toile noire vient s'incruster une étoile qui donne beaucoup plus de sens à la toile. Sans vraiment avoir le temps de comprendre ce que j'ai peint je me retourne vers elle et lui sourit. C'était Aïda, la fille que j'avais croisée au Wasteland un jour où j'écrivais mes aventures au Paradis à mon nouveau journal.

« Salut. Tu te souviens de moi ? »
« Oui, je crois. Aïda, c'est ça ? »
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