Mes paupières se fermèrent toutes seules. Je me retrouvais dans un noir d'encre, profond, dans lequel je tombais. Je ne sentais rien sous mon corps, je plongeais dans le vide de mes songes. Je me faisais engloutir par mes rêves les plus sombres. Je ne vois rien, comme si j'avais perdu la vue. Je panique. J'ai l'impression que je ne pourrais plus jamais rien voir. J'ai peur d'être devenu aveugle. Je ne pourrais plus jamais dessiner si je deviens aveugle ! La panique qui s'empare de moi grandit dans mon ventre. Elle se roule en boule et grossit dans mon estomac. La panique ma fait terriblement souffrir. Elle remonte vers mes poumons. Pourquoi tant de haine ? La boule se loge dans mon poumon gauche, elle me brûle la poitrine, l'oxygène n'atteint plus mes alvéoles pulmonaires, je suffoque, le dioxyde de carbone reste coincé dans mon sang sans pouvoir s'échapper. J'ai l'impression qu'on m'étouffe ! Je tousse, une fois, puis deux, trois, quatre, dix. J'entends une petite musique au loin, elle m'apaise. Je l'écoute. Je m'endors, aveugle, suffocante, mais je m'endors, ou du moins, je tombe dans un sommeil total.
Le réveil est brutal. Je tousse, encore et encore, encore et toujours. La boule ne veut pas sortir de mon poumon, elle reste coincée, logée au milieu de mon appareil respiratoire. J'ai peur. Je m'allonge sur le ventre et tousse encore. Je me calme et regarde au loin. Je suis bien là où je pense, enfin. La Wasteland. Merci douce musique de Carrousel. C'était la musique du manège près de la place du marché qui m'avait amenée ici. Je revois les cheveux tournant en rond toutes la journée, essayant de se dépasser les uns les autres alors qu'ils étaient attachés par cette barre qui entravait leur liberté. J'avais mal pour eux. Je n'aurais pas aimé être transpercée par une barre métallique. Dans le ciel bleu du Wasteland j'aperçois un nuage en forme de tête de cheval. Je le regarde longtemps. Il change de forme. Le vent le module en soufflant dessus. Que j'aimerais pouvoir sculpté les nuages par mon simple souffle. Le cheval devient chien, puis loup, puis dinosaure, sorcière, Tête de mort, chaussure, gourdin... Puis je ne le vois plus. Il part se cacher derrière un arbre, trop honteux d'être si faible face au vent qui le modèle selon sa volonté.
Je me relève, une main sur ma poitrine, tentant de sentir mon poux. Il est lent et c'est tant mieux. Je me mets sur mes pieds et m'en vais marcher un instant. L'air du Wasteland est bien plus pur. Je me demande comment c'est possible. Surement parce qu'il y a plus de végétation, que les gens se déplace plutôt à pied ou à dos de Licorne arc-en-ciel. Je me perds dans les contrées de mon monde. Je me perds dans le temps, dans l'espace et bientôt, le soleil tire sa révérence, balayant la plaine d'une teinte dorée. Je suis presque arrivée à la frontière du Wasteland, là où les terres de ce monde s'arrêtent et où il n'y a que du vide, là où il ne reste que le néant pour accueillir les âmes perdues. Je marche dans un champ de fleurs brillantes de toutes les couleurs. J'en touche une des doigts. Elle est humide, comme si la rosée venait de l'envelopper à l'instant. Celle-ci s'ouvre doucement devant mes yeux ébahis et je vois son petit coeur à l'intérieur, enfin c'est ce que j'ai cru en voyant cette petite chose bouger au début. Et puis, une minuscule tête s'est levée vers moi et j'ai alors découvert cette prairie de fleurs à fée. Là où les fées, les plus petites créatures de Wasteland vivent en paix avec le monde. Je venais d'en réveiller une et non loin de moi, quelqu'un venait de faire de même. Je relevais la tête dans la direction de la voix que j'entendais. Là-bas, à quelques mètres de moi, une silhouette venait de réveiller un fée à son tour. Je sourirais bêtement tout en m'approchant de cette personne que je ne connaissais pas.
- Bonjour. Je suis Barbie. dis-je le sourire aux lèvres. Toi aussi tu en as réveillé une sans le faire exprès ?
Dernière édition par F. "Barbie" Nash le Lun 3 Juin - 20:12, édité 1 fois
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Sujet: Re: Le champ de fées [Libre] Lun 3 Juin - 19:55