Nom Complet / Camden Sid Ellison. Âge / Trente ans. Date de Naissance / 5 décembre 1968. Lieu de Naissance / Newcaslte, Australie. Localisation / Londres, Angleterre. Profession ou Études / Patron d'un bar, ancien militaire. Situation Financière / Fluctuante. Orientation Sexuelle / Bisexuel. Statut Social / Célibataire. Groupe / Beatles. Échappatoire / Les Rêveurs. Avatar / Heath Leadger.

Signe distinctif / Camden possède quelques tatouages assez discrets par-ci par-là, sur les bras notamment, faits dans des conditions par vraiment hygiéniques à l'armée pour la plupart, et quelques cicatrices pas bien grandes un peu partout, comme celles qu'ont tous les militaires. Il garde néanmoins une apparence très quelconque, et n'est pas le genre de personne sur laquelle on se retourne dans la rue.
Phobie, Manie, Tic / D'un naturel très calme, Camden n'est pas du genre à céder à la panique, et on pourrait pousser la chose jusqu'à dire qu'il ne possède pas de réelle phobie ; quand bien même bon nombre de choses l'agacent, il est difficile de les qualifier de "phobies". Ce qui s'en rapproche le plus est probablement le bruit, tel qu'il soit, lorsqu'il est trop intense, ce qui lui rappelle de mauvais souvenirs et le fait se sentir mal à l'aise. En revanche, par instinct, il lui est impossible de laisser une porte ouverte, ou entrebâillée, et il possède la manie de fermer n'importe quoi, peu importe le lieu ou la circonstance (même la porte de son bar reste fermée en plein été). Il a aussi pour habitude de faire craquer les os de ses mains, comme pour faire comprendre qu'il ne faut pas lui chercher des ennuis (ce qui est faux par ailleurs, il n'est pas du genre à régler ses problèmes de la sorte).
Langue(s) parlée(s) / Camden parle couramment anglais, et a acquis quelques rapides bases orales d'arabe et de français, apprises sur le tas pendant son service à l'armée.
Origines / Australiennes, sans la moindre ramification à l'étranger.
Religion / De confession protestante depuis son enfance (à cause de parents qui croyaient fermement en Dieu), Camden a cependant cessé de croire à tout ça depuis quelques années, après en avoir trop vu. Son dieu, c'est le Wasteland, c'est tout.
Opinion Politque / La politique, ça le connait pas vraiment, en fait, il s'en moque un peu, ça le dépasse. Quoi qu'il en soit, beaucoup plus à gauche qu'à droite.
Modèle, Idole, Inspiration / S'il devait choisir un modèle ? John Lennon, sans doute. Pour ses combats, pour ses engagements, pour son pacifisme, pour son attitude, pour son esprit, pour la guerre à la guerre, pour la triste fin... Ou Patti Smith à la rigueur, pour toute l'inspiration qu'elle a su donner à la ville de Londres.
Style Musical / Tout ce qui est vieux rock des années 60-70, voire 80, rock psychédélique, rock progressif, blues rock, hard rock, acid rock, art rock, rock garage, roots rock, glam rock, en fait tout ce qui est composé de rock + un quelconque adjectif. Ajoutez à ça des trucs un peu plus bourrins de temps en temps, et un peu de musique classique.
Musicien favori / Camden n'a pas de musicien favori en particulier, il se contente d'apprécier les vieux groupes de rock qu'il écoutait étant ado, sans se poser plus de questions que ça.
Chanson favorite / Très changeante, en fait, la réponse à une telle question n'est pas valable très longtemps. Pour le moment, il s'agit de Riders on the Storm des Doors, Sultans of Swing des Dire Straits, ou Wish you were here des Pink Floyd.
Auteur favori / Franz Kafka, et Albert Camus, deux auteurs époustouflants selon Camden pour la façon dont ils réduisent la condition humaine à ce qu'elle est, c'est à dire bien peu de choses.
Livre favori / Le Procès de Kafka, pour l'innocence et la culpabilité, l'impuissance face au destin, la noirceur et la mort.
Réalisateur favori / Sans être féru de cinéma, et faisant face à une culture cinématographique assez mince, Camden apprécie néanmoins les films de Coppola ou de Kubrick.
Film Favori / Avant de connaître une réalité plus ou moins similaire, les films de guerre le bottaient, comme Apocalypse Now ou Full Metal Jacket, films qu'ils ne peut plus voir depuis quelques années, écoeuré par avance, depuis ces quelques années où il a plus ou moins fait une croix sur le cinéma.
Devise / « When the power of love is greater than the love of power, the world will know peace. »
Objet fétiche / Vous savez, les fameux dog tags, les plaques d'identité militaire que les soldats portent autour du cou, du poignet ou autre ? Une d'entre elles, au nom d'un certain "Jaden Drysdale", ne le quitte pas un seul instant, toujours suspendue à son cou, ou dans l'une de ses poches.
Plus grande peur / S'il craint bien une chose plus que tout au monde, ce serait le déclenchement d'une nouvelle guerre dans laquelle il serait impliqué de près ou de loin. Traumatisé par son expérience à l'armée, il craint plus que tout que la paix précaire établie soit ébranlée, et que le retour à une guerre ne s'impose.
Plus grand secret / Bien que la réalité des faits ne soit pas exactement celle qui correspond à sa réalité, Camden se sent coupable de la mort de Jaden, ce qui hante toutes ses nuits et ce qui le hante au plus profond de lui. Il n'a jamais révélé à quiconque que ce qui tua son meilleur ami, cet instrument qui mit fin à ses jours, c'était lui qui en été l'auteur, l'assassin, le fautif. Trop lâche pour mettre qui que ce soit dans la confidence, il a cette pensée sur la conscience en permanence.
Plus grand rêve / Camden donnerait tout ce qu'il possède pour pouvoir remonter le temps, ne serait-ce que quelques minutes avant que sa vie prenne un tout autre tournant, ne serait-ce que pour revoir un visage perdu, pouvoir anticiper sur le macabre destin qui lui était promis et l’esquiver magistralement, pour sauver ce qui aurait dû être sauvé.

Que pensez-vous du Wasteland / En quelque sorte, je crois pouvoir dire que le Wasteland est une sorte de rêve, magistral, un rêve dont il est aisé de se rappeler au réveil, un rêve que l'on peut contrôler presque totalement, un univers parallèle, je ne sais pas. Un rêve, oui, cela colle bien à l'idée que je me fais du Wasteland. C'est un échappatoire, et pour être tout à fait franc, je ne sais pas si j'arriverais à m'en passer dès lors que j'ai goûté à ses plaisirs. Comme une bulle de paradis dans mon quotidien monotone. J'aime à m'abandonner dans le Wasteland, je crois bien, j'y découvre la beauté, ou l'horreur, j'y fais des rencontres agréables, parfois mauvaises, mais dans l'ensemble, c'est... Beau. J'oublie.
Comment l'avez vous découvert / Je m'en souviens très précisément. A vrai dire, ça s'est passé il n'y a pas si longtemps que ça. J'étais déjà installé à Londres depuis peu de temps, et je tenais déjà le bar. C'était la nuit, une nuit horrible comme j'en avais déjà connu des tonnes, ces nuits où je ne parvenais pas à trouver le sommeil. Et quand je le trouvais, tout virait en cauchemar, je me réveillais à peine trois heures après, des visions horribles en tête. Mon organisme ne semblait pas bien supporter le manque de sommeil, c'est pourquoi j'avais donc acheté une boîte de somnifères, j'étais résolu à dormir au moins six ou sept heures. Je n'aurais pas pu dire si j'en avais avalé trop, ou pas assez, car je ne n'avais pas fait attention à la posologie, j'étais fatigué, épuisé, et je voulais dormir, c'était tout ce qui m'importait, je voulais, rien que pour une nuit, arrêter de voir Jaden. Au lieu de quoi, je me suis réveillé dans le Wasteland. Au début, je me suis demandé si j'étais mort. Est-ce que j'avais abusé sur les médicaments ? Mais j'étais bien, finalement, et j'aurais donné n'importe quoi pour ne pas me réveiller. Et puis je me suis rendu compte, au fil du temps, que dès que je pensais à Jaden avant de dormir, j'arrivais à retourner à Wonderland. Je m'y suis habitué. Et pour y retourner dès que j'en ai envie, j'ai des somnifères, même si le moyen d'accès est, en fait, un peu contraignant.
Que pensez-vous du Gourou / J'admire ses idées, et je les partage. Je ne le tiens pas pour mon dieu en tout et pour tout, simplement, je le respecte pour ce qu'il est. D'un côté, nous partageons les mêmes valeurs, et je suis opposé aux jugements hâtifs qui se tiennent sur lui ; il n'est pas un ennemi du Wasteland, il cherche uniquement à y préserver la paix. Et la paix, et selon moi, est légèrement plus précieuse que la liberté, car la liberté ne peut avoir court dans un monde qui n'est pas en paix. Disons que je partage l'avis du Gourou, même si je suis loin de lui vouer un culte suprême.
Que pensez-vous de votre Guide / Il oeuvre pour ce qu'il croit être juste et bon, c'est tout ce qui m'importe. Selon moi, il fait un guide spirituel assez représentatif de mon état d'esprit, sans pour autant dire que je le suivrai partout, ce qui est faux. Je m'efforce tout de même de prendre du recul sur lui, et, en fait, je n'ai même pas vraiment d'avis sur la question, je ne me pose même pas la question. Je vais au Wasteland pour oublier, par pour les gens qu'on y rencontre.
Parlez-nous de votre échappatoire / Contraignant, oui, c'est la moindre des choses que l'on puisse dire. Effectivement, je me vois plutôt mal m'endormir en plein milieu de l'après-midi, alors que je travaille au bar. Néamoins, j'y vois les avantages ; le trip peut probablement durer plus longtemps que les autres échappatoires, surtout si je me sers de quelques cachets et que je pense fort à Jaden, et j'ai pas besoin de me faire du mal pour accéder au Wasteland. De plus, c'est comme si j'arrivais à sentir le temps qu'il me reste quand j'y suis, comme une sorte d'intuition qui me guide et qui me permet de savoir avec plus ou moins de précision à quand mon retour à la réalité. En fait, c'est plutôt pas mal, et ça m'est d'une grande aide. Je peux faire une nuit sans penser à Jaden. Ça fait déjà un quart de ma journée qui est soulagé.

Pseudo / radioactive fish. Prénom / Line, mais on m'appelle pas, c'plus simple. Âge / Bientôt 18. Pays / Burkina Faso. Mais nan j'déconne, hm. Présence / J'sais pas, au moins 5 ou 6 j'pense. Avis sur le forum / J'l'ai vu, j'ai maté les PVs, je me suis décidée tout de suite, overcoupdcoeur, tout ce que j'aime, voilà. Comment t'es arrivé ici? / Par notre ami bazzart me semble-t-il. Ange ou Démon? / Depend of my mood. Double-Compte / Nope. Un p'tit mot en plus / Dfjzifjziofjiezaomfjieozjcio EEEEEH MACARENA.

I . GENÈSE
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Des fois, je me dis que tout aurait pu être parfait. J'aurais pu avoir une vie parfaite, admirable, être heureux. Mais nous étions des gamins. Nous passions notre temps fourrés l'un avec l'autre, au bord d'une plage, à draguer des filles, faire des feux de camp, jouer de la guitare, picoler, comme si la réalité n'avait aucune emprise sur nous, comme si tout glissait sur nous sans nous atteindre, comme si nous étions hors de portée, protégés de tout dans notre de bulle de soleil et de plaisir.
Des fois, je me dis que je pourrais y être encore, que la réalité ne nous aurait pas rattrapés, parce qu'au fond, que connaissions-nous du monde ? Les plaisirs et les joies, le bonheur et l'amusement, là où le mont "réalité" n'avait pas sa place, et aucune emprise. Nous n'étions pas voués à grandir, nous étions voués à rester ces adolescents que rien ne préoccupait sinon quelques devoirs de temps à autres.
Des fois, je repense à cet univers lointain. Cet univers qui paraissait tellement évident, et qui semble maintenant tellement inaccessible. Nous avions l'âge où tout semble possible, où les rêves se bousculent dans la tête, où l'on n'a pas conscience d'être heureux parce qu'on ne s'est jamais posé la question, l'âge où l'on est persuadé de tout savoir et de tout connaître, où le sentiment d'avoir fait le tour du monde sans avoir bougé de chez soi est présent, où les envies vont et viennent comme elles l'entendent, où l'on change d'avis comme de chaussettes parce que, à quoi bon tout cela ? L'âge où vivre est primordial, où l'on a que de soi à s'occuper, de son confort personnel, l'âge où l'on est sensible à la douleur du monde de temps en temps, l'âge où l'on voudrait faire une révolution, tout chambouler, vivre comme on l'entend, suivre ses modèles, où l'on ne connaît ni règles ni restrictions, où l'on ne manque de rien, où les rêves ne doivent pas rester au stade de rêves.
Des fois, je songe à cette époque de ma vie, à mon adolescence parfaite, où, avec Jaden, tout nous passait par la tête en un fabuleux mélange hasardeux, où l'on ne connaissait aucune frontière, aucune limite, quand nous imaginions avoir tout ce que nous désirions et que tout était possible, où l'on mourrait d'envie de connaître du changement sans rien changer à notre confort. Pas de réalité. Juste la vie telle qu'elle était.

Après tout, nous étions des gamins.

Des gamins heureux et trépidants qui voulaient voyager, tout voir et tout savoir, apprendre, que la vie passionnait, qui aimaient les surprises, qui ne demandaient qu'à en voir plus, qui aimaient leur vie autant que les plaisirs de la plage et que les mystères de l'univers, qui ne connaissaient ni ennui ni douleur, croyant en diverses choses et surtout en eux-mêmes.
Au fond elle était peut-être là l'erreur, nous croyions bien trop en nous-mêmes.

Nous vivions en Australie, au Sud-Est de l'Australie, là où le climat était plaisant, les paysages comme on les voit sur les cartes postales, dans une petite ville côtière, pas très connue et pourtant très agréable, à quelques cinquante kilomètres de Sydney, pas loin non plus de Canberra. Impossible d'oublier les nuits d'été passées à camper sur les plages, théâtre majeur de notre adolescence, du temps de l'innocence.
Oui, tout aurait pu être parfait, dans un univers parfait, de parfaites petites vies.
Et pourquoi est-ce que l'on avait voulu mettre fin à tout ça ? Parce que l'on ne se rendait probablement pas compte de la chance qu'on avait. Nous voulions plus, alors que nous avions déjà tout.

II . MONDE
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« Je veux voir le monde. » Il avait pour habitude de me dire ça. Mais qu'est-ce que je pouvais bien y faire ? Alors, bêtement, je répondais : « Moi aussi. » Que pouvais-je y faire de plus ? Je ne pouvais pas lui créer le monde, même si j'en mourrais d'envie pour palier à ses désirs. J'aurais fais n'importe quoi pour ce type. Et puis, au fond, peut-être que moi aussi je le voulais. Découvrir, voyager, c'était l'un de ses souhaits les plus chers, je le savais.
A l'époque, nous n'avions même pas vingt ans. La vie devant nous... Normalement.
Alors, à coeur ouvert, lui et moi, on se couchait, dans la fraîcheur de la nuit, dans la tiédeur du sable encore chaud, les bras croisés derrière la nuque, et on regardait l'immensité, les étoiles, perdus dans nos songes et nos réflexions, comme si le temps avait été en suspens. On se demandait ce qu'il pouvait bien y avoir au delà du connu, au delà de notre plage et de notre cercle d'amis, au delà de toutes ces lumières qui brillaient au dessus de nos têtes, et c'était bien. On se posait sans cesse les mêmes questions, mais peut-être était-ce l'âge qui voulait ça. Et puis, quand on estimait avoir fait le tour de nos pensées, on ressassait nos souvenirs, autour de notre feu, on plaisantait, puis on oubliait qu'on avait songé à toutes ces belles choses, et on recommençait quelques jours après. La plus agréable des routines, la routine du bonheur.

C'était, sans exagérer, pour Jaden, presque une obsession. Voyager, oui, voyager, il n'avait que ça en tête, des illusions agréables, un sentiment de liberté absolue qui ne le quittait que rarement. Plus le temps passait, et plus je la sentais, cette envie, comme l'ombre d'une troisième personne qui aurait été là, derrière nous, discrète, mais présente, qui se serait fait ressentir, imperceptible, mais visible quand on savait où regarder.
Peut-être que c'était le début de la fin. Mais pour nous, pour lui, c'était le début d'un commencement, comme l'introduction à une vie nouvelle, plus belle encore que celle que nous avions à cette époque.

Jaden était mon meilleur ami. Comme une moitié de mon être, et je savais qu'il en était de même pour lui. On rigolait, parce qu'on se comprenait sans même ouvrir la bouche. Plus que complémentaires, je le considérais comme le frère que je n'avais jamais eu. Et la Lune, qu'on regardait si souvent, je voulais l'atteindre, rien que pour lui. Je le voyais de plus en plus, non pas souffrir de ses rêves, mais perdre ses illusions, et c'était une chose horrible que de le voir renoncer, sans qu'il ait souhaité m'en parler, à ses désirs les plus fous. Je le connaissais comme moi-même, sinon mieux, et, au fond, je crois que ça m'attristait. Alors, j'avais souhaité prendre les devants. Était-ce mieux comme ça ? Des fois, je pense que je n'aurais pas dû. Des fois, à l'inverse, je pense que les choses sont mieux telles qu'elles ont été.
« Je veux voir le monde. » « Demain. » Il se redressa, arqua un sourcil comme il avait l'habitude de le faire quand quelque chose ne tournait pas rond, ou le surprenait. « Qu'est-ce que tu veux dire ? » « Demain, on a qu'a partir demain. » Il se recoucha sur la plage, comme si je lui faisais une mauvaise blague, comme s'il s'était mis en tête que je jouais avec ses rêves. Mais je n'avais jamais été aussi sérieux. « T'es con. » « Pourquoi ? Qu'est-ce qui nous en empêche ? On peux partir, tu sais. On trouve un billet d'avion, j'ai des économies pour ça. Et on met le cap sur la destination qui te fait le plus plaisir. Ecoute, t'en meurs d'envie. » Il ne répondit pas immédiatement. Pour tout dire, il ne répondit même pas. Il se contenta de sourire, et s'assit en tailleur, avide, je le savais, d'en entendre davantage. « Regarde. » Je l'imitai, et traçai du doigt un grand cercle dans le sable. En bas du cercle, j'y dessinai deux petits points, minuscules. « Ça, c'est toi et moi. Et ça, c'est le reste du monde. On a encore du chemin à faire. Alors, puisqu'il faut sûrement plus d'une vie pour tout voir, on a qu'à partir. Demain. On fait nos valises, et on décolle. Et hop, on vole. Là, là, ou là, tu choisis. Ou tout là haut. » Et je montrais la Lune du doigt, et Jaden riait.

III . DESTINATION
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Tout ne s'était, en réalité, pas déroulé exactement comme prévu. Nous n'étions pas partis le lendemain, ça avait été impossible, bien sûr. Emporté par nos idées, on commençait à se rendre compte de la précipitation, et de l'envergure des choses. Non, trop de paperasse à régler, trop de formalités, trop d'adieux, et trop peu de temps pour mener à bien tout cela en moins de vingt-quatre heures.
C'était peut-être la réalité qui commençait à nous rattraper.
Mais nous étions partis, et nous l'avions fait. J'avais acheté une grande carte du monde, j'avais regardé Jaden droit dans les yeux, et je lui avais dit : « On commence par quoi ? » « Ça. » Les Etats-Unis, rêve de tout un chacun. American Dream, c'est ce que l'on entendait partout, nous étions victime d'un matraquage publicitaire en faveur de cette grande nation, et, à peine passé la vingtaine, quinze jours après la promesse d'un ailleurs, nous étions dans un avion en direction de San Fransico, sans trop y croire. Nous avions dépensé tout ce qui nous restait dans ces billets d'avion, n'ayant que faire des remontrances de nos parents respectifs qui clamaient haut et fort que c'était soudain et imprévu, qu'une fois arrivés à destination, qu'allions-nous faire ? comment se procurer de quoi vivre ? que nous allions gâcher notre vie et compagnie.

Au contraire, on ne la gâchait pas. On avait du courage, je pense. Partir soudainement comme nous l'avions fait, c'était inespéré, presque miraculeux.

Seulement, voilà, on était fauchés. On s'était jurés de se débrouiller une fois sur place. Il restait à Jaden un peu d'argent qui nous avait permis de se loger environ deux semaines dans un hôtel plutôt minable. Malgré tout, malgré nos moyens financiers, malgré toutes les galères que l'on avait pu rencontrer, nous n'avions pas l'impression pour autant d'essuyer un échec. Nous n'avions jamais pensé que les choses seraient faciles, et pour dire, nous n'avions jamais pensé non plus qu'elles seraient difficiles. Nous étions partis, je crois bien, sans attente particulière, sinon celle de découvrir, de voyager. L'important, c'était de sortir de notre ville, et nous l'avions fait. En soi, c'était une réussite, une belle réussite.
Mais l'argent venait à manquer. Nous étions loin d'être riches. Cependant, nous avions l'avantage d'être jeunes.