ce regard le hante ; il ne fait qu'amplifier sa tourmente. son cou se courbe, tête vers l'arrière. ses paupières sont closes, ses lèvres frémissent. son esprit redessine chaque parcelle de son image, afin que le temps n'en altère aucune. enfin, un sourire se peint sur ses lèvres, bien vite effacée par une triste perspective. comment un tel ange pourrait-il vouloir d'une personne comme lui ? ce serait insensé, se résout-il avec un pincement au cœur. « ouai. » murmure-t-il pour lui-même. il se lève difficilement, faisant craquer ses genoux. il fait le tour de la pièce, le regard perdu, les mains enfouies dans ses poches. il ne sait que faire, que penser. ses yeux sont rivé ver les ombres dansantes projeté sur le mur principale. elles semblent le narguer, remarque-t-il amèrement. comme tant d'autre choses, à vrai dire. « tu rigoles ? t'as vu comment t'es ? pourquoi elle voudrait s’embarrasser d'un type dans ton genre ? » ses dures paroles lui reviennent, sans cesse. fruit d'une question enfantine, naïve, peut être. un simple non lui aurait largement suffit. il aurait compris qu'il n'aurait ainsi aucune chance avec elle, même si la pimbêche aurait été plus douce. il s’assoit sur son lit. « un pommé ! un suicidaire ! putain, elle traine pas avec des types sales. » son cœur se meure comme si ces atrocités provienne de l'être aimé. après tout, n'a-t-elle pas raison ? ne fait-elle pas que rapporter les impressions de cet ange ? ce plus, à s'y pencher d'un peu plus près, cela le résume assez. il est sans cesse perdu, un déraciné, et qui voudrait de lui ? qui pourrait bien l'aimer ? cette question, il ne la connait que trop bien, pour l'avoir ressassé des années durant. ses parents ? ils sont trop occupés à se déchirer mutuellement. son chat ? il n'en a pas. et ses amis, n'en parlons même pas ! personne. personne qui se souviendra de lui si jamais... si jamais sa vie lui est ôtée. c'est une charmante perspective, de ne plus vivre. une libération pour tous. un monde meilleur. pourtant, il n'en a guère la force, à chaque fois il ne peut s'y résoudre. lentement, sa main divague vers sa table de nuit, laquelle renferme un objet salvateur. un canif tant chéri. avec une douceur étonnante, il s'en saisit. il le porte à son avant bras déjà zébré de cicatrices. il y pose la pointe là où c'est encore vierge de sang perdu. le reste de la lame s'en approche. il fait pression. peu à peu, un liquide vermeille apparait, et borde l'arme, telles de petites larmes. pinocchio appuie d'avantage. un douleur aiguë le prend, il ferme les yeux. le sang est plus abondant, juste un peu plus. son bien est abandonné quelque part sur le plancher. lui, il se laisse tomber vers l'arrière, une expression de béatitude sur le visage. c'est libérateur. il se sent si bien. mieux qu'un orgasme, diraient certains. malgré le soulagement éprouvé grâce à cet acte, les eaux de ses yeux reviennent en nombre. rien ne pourra effacer sa douleur, si ce n'est la mort.

« ma vie, elle n'est qu'un vulgaire disque rayé. un disque que l'on aurait extirpé de son écrin, sans doute parce qu'il est d'un mauvais auteur. on aurait oublié de le foutre à la poubelle, préférant le laisser agoniser dans mon monde inique qu'il aurait adoré quitter. chacun le piétine à loisir. on s'amuse à le briser, avec une joie malsaine. malheureusement, il semble que rien ne puisse le tuer. lui même, n'a jamais réussis. » -extrait de son journal intime.