(verlaine) ▽ Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville, Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur ?

la poésie est tombée. je n'ai plus de mots. que dire, il n'y a que du vide. consterné. épouvanté. je suis hanté. pourchassé. pitié, j'aurai voulu être épargné. assis sur les décombres d'une vieille bâtisse que j'aurai pu confondre avec la mienne, je guette. j'observe la misère, celle-ci me le rends si bien. ces âmes perdues, qui n'attendent que de succomber au vide de leur chance. au néant de leur vie. j'observe. encore. depuis plusieurs heures peut-être déjà. je ne compte plus. j'ai perdu la notion du temps, ou le temps tout court. là n'est plus la question. j'ai l'oeil vide. je me revois. le néant dans le néant. le chaos engendré par le chaos. la fuite. les souvenirs. tout paraît si proche, quand j'observe ces tas de ferraille, ces familles errer sans but. sans vie. j'ai mal. j'ai mal pour eux. j'ai mal pour avoir été comme eux.
je bouge. je ne sais plus où je vais. tout se ressemble ici. la même misère partout. tout est malsain. un gosse. un gosse comme moi je l'ai été. recroquevillé. abattu. seul. je l'observe longuement. main dans les poches, le visage méconnaissable à cause de l'ombre de ma capuche qui le recouvre. un parfait inconnu. il ne me vois pas. je me demande ce qu'il voit, malgré que je le sache trop bien. je fouille dans ma poche, lui balance quelques sous, et continue ma route. un manque de délicatesse, peut-être. un manque de compassion. une putain de contradiction. je m'assieds dans un endroit reculé, m'allume une clope. il fait nuit. mais la misère ne dort jamais. elle ne fait que se reposer pour mieux exploser. je soupire. le ciel peut être beau, si on le regarde d'autre part. j'ai mal. j'ai mal. et assis ici, j'essaye de m'évader. un mal dans un mal.
je pense. je repense. je n'aime plus. j'essaye d'aimer. juste apprécier. je cherche mon coeur, une main sur mon torse. je sens des pulsations, mais je ne les comprends pas. pourquoi ? mais pourquoi ? je ne sais pas, je ne sais plus. tout est si confus. je clos mes paupières, j'adresse une énième prière. à qui ? au néant. il ne me répond que par l'écho de ma propre question. pourquoi ? mais pourquoi ? j'ai mal, j'ai si mal. une autre cigarette. vite. consume toi. consume moi. embrase-nous. j'ai toujours mal. je suis toujours en colère. j'ai envie de cogner précipitamment, violemment. j'ai mal, mal. un mal dans un mal. que veux-tu de moi si ce n'est mon espace, ma vie, mes poumons et mes artère ? je n'ai rien à donner. je suis mal. si mal. pourris de l'intérieur. contaminé à l'extérieur. corrompus. ô ces chaînes, ces chaines qui me font mal, si mal. j'aime ce mal dans le mal. pourquoi ? mais pourquoi ? délivrez-moi.